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Bliss et Valiant : une belle histoire, un peu sombre...

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Valiant et Bloodshot reborn t1
Jeff lemire; Matt Kindt/Paolo Rivera, Joe Rivera
Jef Lemire/ Mico Suayan; David Baron
Bliss comics
Avril 2016

The Valiant traite du combat épique qui depuis dix mille ans associe GildaAnni-Padda, le guerrier éternel, et l’Ennemi éternel, une entité monstrueuse qui massacre tous les géomanciens, les gardiens de ce monde, afin d’amener les ténèbres et la discorde.
Gilda l’a déjà combattu trois fois au cours des siècles précédents, et trois fois il a été vaincu.
De nos jours, le mal revient, et s’attaque à la belle et jeune Kay, la nouvelle géomancienne. Mais une équipe constituée de Gilda, Ninjak, Bloodshot, Xo manowar et Kay se forme afin de vaincre une bonne fois pour toute le mal absolu aux multiples visages.

The Valiant a paru en même temps que Bloodshot reborn. Ce sont deux des premiers titres lancés par le nouvel éditeur Bliss comics dont on a parlé en Juillet ici-même, à l’occasion de la chronique d’un autre titre : Divinity.

The Valiant ©Bliss comics/Lemire/Rivera


Ces titres prennent la suite des autres comics de l’éditeur original Valiant américain lancés par Panini quelques temps plus tôt, où l’on avait pu entre autre faire la connaissance de Bloodshot, Ninja et Xo Manowar. Bloodshot est Raymond Garnison, un guerrier façon GI unique dont le corps et l’esprit ont été trafiqué médicalement, par le projet Rising spirit. Il doit vivre avec un réseau de robots miniatures : les Nanites, intégré à son système corporel qui le rend quasiment invulnérable et surtout auto réparateur. Physiquement, il est peint de blanc, ses yeux sont infectés de sang, et il porte un très gros rond rouge sur le torse. Il tombe dans cette histoire amoureux de Kay, qui finit pas se faire tuer au final par L’Ennemi éternel. Cependant, Kay, avant de rendre l’âme, grâce à son pouvoir et par amour, débarrasse Bloodshot de ses parasites.
Ce récit, magnifiquement dessiné par les frères Rivera, nous plonge dés les premières pages dans une ambiance fantastique et morbide superbement rendue, dans des décors antiques de l’Amérique du sud. On passe ensuite à la période scandinave et Vikings, avant d’arriver de nos jours et faire connaissance avec l’équipe qui va tenter d’enrayer la malédiction.

C’est un superbe manière de découvrir l’éditeur Valiant et la plupart de ses héros. Action, émotion et graphisme au top sont au rendez-vous.

Les évènements narrés dans Blodshot reborn se déroulent quant à eux juste après ceux de The Valiant, et mettent en scène un Bloodshot retourné à la vie civile, dans une petite bourgade. Là, Raymond Garnison essaie de vivre avec son passé, et la mort de Kay, qui le hantent.  Mais malgré son état psychologique défaillant, il va être obligé de revenir à l’action, à cause de nombreux meurtres commis par des hommes apparemment fous, grimés comme Bloodshot et habités semble t’il aussi par des nanites. Celui-ci est aussi poussé par d’étranges apparitions fantomatiques de Kay et d’un petit personnage sidekick un peu taré, émanation de sa psychique. Jusqu’où tout cela va t’il le mener ? (…)
La déchéance de cet homme brisé est magnifiquement décrite, tant par le scénario de Lemire que par le trait somptueux de Mico Suayan et  les couleurs de David Baron. Un  premier tome sombre, émotionnellement fort, et au suspens tendu.

D'autres nanites ? ©Blisscomics/Lemire/Suayan




La ligne pas si claire de Tintin

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"Excusez-moi, ...pour le Grand palais, c'est quelle ligne ?"
;-)

#ExpositionGrandpalais2016  #Tintin

Un pastiche parmi d'autres...

Good heavens, Ted benoit nous a quitté !

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Tiré à part édité par la revue Swof en 2002

L'auteur Ted Benoit, (Thierry Benoit), dont le héros Ray Banana et la ligne claire renouvelée dans les années quatre vingt et les revues Metal Hurlant et Asuivre avait ravît de nombreux amateurs, est parti, sans prévenir, ce Vendredi 30 Septembre 2016.

Il avait repris, de superbe manière, auprès de Jean Claude Van Hamme,  les aventures de Blake et Mortimer, d'Egar Pierre Jacobs, avec l'Affaire Francis Blake il y a tout juste 20 ans*.

Cela avait été l'occasion de nombreuses célébrations, de prépublications, et d 'éditions en tous genres.
Redonnant à la fois un coup de fouet et un coup de projecteur à la carrière de l'auteur.

On est évidemment effondré sur ce blog, comme des milliers (millions ?) de lecteur de bande dessinée, et on souhaite tout le courage nécessaire à sa famille et ses proches.
Tu vas nous manquer Thierry !

(*) Après la réalisation, par Bob de Moor en 1990, dix-huit ans après le 1er tome, du second tome des Trois formules du professeur Sato, inachevé. Il était donc le premier repreneur officiel, au dessin, de la série. Il a aussi dessiné le tome 15 : "L'Etrange RDV, en 2001"

Une des annonces parue dans Télérama, en Juin 1996

Claude Etaix, "in memoriam" : une retrospective apaisante

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Que l'on ait connu Claude Etaix, Alias Papy, artiste riorgeois multi-talents et personnalité incontournable du bassin culturel roannais*, il est conseillé de se rendre à l'exposition qui lui est consacrée en hommage jusqu'au 23 Octobre au château de Beaulieu, Riorges.. 

(*) Claude a animé de nombreux ateliers graphiques dans les écoles riorgeoises durant les années 90/2000 et a été aussi longtemps et jusqu'à son dernier jour, en Décembre 2015, le colleur d'affiches des Mardis du Grand Marais, arpentant tout le roannais à cette occasion, s'arrêtant et échangeant souvent longuement avec ses rencontres, de manière très ouverte. Ce qui a contribué à en a faire une figure locale, au delà de son statut d'artiste et du fait qu'il était aussi présent sur la plupart des manifestations culturelles du bassin.

Cette"rétrospective" comme son nom l'indique, s'étire sur deux niveaux. 

Le premier présente les plus belles oeuvres peintes et sculptées de l'artiste. 



Superbes toiles abstraites aux tons bleus, mêlant évocation douce de l'élément marin (ou spatial ?) et grâce des sentiments (souvent) apaisés. Chacun les prendra comme il veut mais on est saisi par la patte et le talent atteint par Claude ses dernières années. 

Travail à la taloche, matière pleine, brillante, pâteuse...tout en mouvements gracieux. 


Le célèbre poisson truite aux CD est là aussi, bien sûr, en plein centre de la première salle. Il nous rappelle le plaisir que Claude prenait à rendre réel ses délires  poétiques. Et les idées originales qu'il savait développer. 

Tout l'étage est remplis de toiles, aux techniques ou couleurs et  sentiments parfois différents, mais tous sont émouvants et remplis de vie, d'âme même. 


Evocation d'univers fantastiques à la Poe...
Le deuxième étage nous propose de remonter le temps, et de nous immerger plus profondément dans l'intimité et la psyché de Claude.
Anciens dessins, remontant aux années 80, et montages, ou photos, sont présentées, dans une scénographie aérée, sur des sons d'enregistrements jazz prog réalisés quelques mois avant sa mort avec des copains. 
Au fond, une pièce nous accueille dans ce qui pourrait être la chambre, le salon de Papy. Poufs, coussins, bacs à CD, étagères bringuebalantes de livres sont posés là, comme s'il venait de les quitter il y a peu. Le tout dans une ambiance à la fois teintée de seventies, de musiques du monde, de jazz, de cultures alternatives...
Émouvant. 

Montage mural revisitant le logo des MGM

On ressort en écoutant l'un des amis responsable de cet hommage nous promettre une suite à tout cela dans un lieu à la croix du sud (1), consacré à honorer sa mémoire de manière vivante en mettant en place une artothèque
Le principe est connu en médiathèque : on emprunte des oeuvres d'art originales pendant un temps limité, souvent gratuitement. 

Quelle belle idée, que Claude aurait sûrement approuvée, ...en y ajoutant une touche de folie supplémentaire, à n'en pas douter. 

(1) Le Ressort, Saint Rirand, à la croisée des chemins, la croix du sud.  
Objet de l'association créé en Juin 2016 : recréer le lien social en milieu rural,dynamiser le lieu dit "la croix du sud", permettre à l’homme de s’épanouir grâce à des activités intellectuelles, artisanales, artistiques et ludiques.  Mise en place de l'artotheque d'ici la fin d'année, nous promet-on.




Rachel : un départ réussi !

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Vous étiez plus de cent cinquante hier au soir à L'espace de la Tour, Mably, à avoir répondu présent à notre invitation pour le vernissage de l'exposition "Rachel, un voyage".

Robert et moi-même sommes particulièrement heureux de ce démarrage enthousiaste, et espérons que ces deux semaines d'exposition seront l'occasion pour d'autres d'entre vous de venir nous rendre visite et de découvrir aussi le livre édité à l'occasion.









Merci à la ville de Mably pour son accueil, merci à toutes celles et ceux qui ont contribué à faire de ce moment une réalité, merci à Jean Stalter, saxophoniste jazz de renom de nous avoir fait l'amitié de sa présence musicale, et merci 1000 fois à Robert Ellias et sa famille, pour l'implication sans faille sur ce projet.


Rachel est désormais entre vos mains, et même si nous sommes encore un peu avec elle ces prochains jours... nous allons pouvoir voguer vers d'autres aventures ;-)





Merci !

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Rob & Franck, les "compères"
©Photo : G. Ellias
Vous avez été nombreux à venir découvrir à Mably, notre exposition narrative "Rachel", ces quinze jours durant, en semaine ou les week-ends.

Votre enthousiasme, vos commentaires, vos émotions, nous on touchés et nourris, au delà de nos espérances.

Aussi, je tenais à vous remercier publiquement sur ce blog, puisque je n'aurai sans doute pas l'occasion de revoir la plupart d'entre vous, à moins d'un autre projet, ...qui sait ? ;-)

Ce voyage est fini, mais l'aventure continue !

Merci !   Franck/hEctovadaiR


Ci-dessous, en archive, le reportage vidéo de Yohann Subrin :


L'ile noire 1965 archive : Hergé vous parle !

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En redescendant du grenier ... deux scans pour le patrimoine Hergéen.  ;-)
> Page 3 et couverture du numéro 862 de la revue Tintin, datée 29 Avril 1965.




Pandora et Battaglia ?

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Dans le deuxième numéro du très intéressant recueil d'histoires complètes et inédites "Pandora" (ed. Casterman Sept 2016), je retiendrai tout particulièrement les 7 pages de Franck Giroud et du jeune Andréa Cucchi, 23 ans, dont "le Portrait" possède bien des qualités.
La preciosité du dessin rappelle en effet étonnament le maître Dino Battaglia, rien que ça.  Le scénario quant à lui déroule un petit conte historique que n'aurait pas renié l'italien non plus. Ma che bella !


Charles Burns Tintin reanimator

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Dans trente ans, lorsque par hasard, un jeune lecteur tombera sur Vortex, peut-être attiré par sa couverture colorée et étrange, mais finement présentée, où le suspense de la situation donne immanquablement envie d'ouvrir l'album et d'en connaître le contenu, celui-ci sera certainement très surpris. Il n'est pas dit qu'il possèdera suffisamment de références tintinophiles pour s'amuser des nombreux clins d'œil qui constituent une bonne partie de l'ossature de l'ouvrage, mais au moins il se régalera des superbes planches couleur se jouant, avec Nit Nit comme acteur principal*, et au moins dans les premières pages (1 à 29) des plus fantastiques couvertures du héros à la houpe de Hergé.
Une île bien connue ©Cornelius/Charles Burns 






A coup sur il sera angoissé, et se demandera s'il a bien le droit de regarder un tel ouvrage, pas franchement fait pour les enfants, où l'univers du cauchemar dévoile d'étranges créatures gluantes et atrophiées, ou de belles demoiselles nues. (Non montrées ici ;-))

©Cornelius/Charles Burns
 Cette impression de livre "pour adultes" est ensuite confirmée dans la deuxième partie, où sont proposées des visions détournées, accentuées, de couvertures de revues comics américaines à l'eau de rose pour adultes, datées années 50. Mais ici détournées à la sauce asiatique, pour leur donner un goût encore plus étrange. Les quelques planches incluses entre deux séries, comme des extraits de ces magazines, sont tronquées et proposent des dialogues dans une langue étrangère, ou vaguement Thailandaise, comme dans un exercice de l'oulipo, et sont comme des portes pour voyager entre chaque univers.
Verso de Blood club, ed limitée (1995)


L'album s'ouvre après deux illustrations pleine page, sur une introduction tintinesque issue du fameux épisode du Secret de la licorne, où Tintin, après avoir été enlevé, se retrouve dans la crypte du château des frères Loiseaux, et se conclue par un prologue en photo montage, où l'auteur nous avoue, là encore, "ne pas savoir où il se trouve lorsqu'il se réveille". Nous non plus. Et le jeune lecteur de 2046 pas plus, il faut le deviner.
Mais pour les amateurs de l'Américain Charles Burns, qu'ils se rassurent... on a bien à faire ici à un superbe album du créateur de Big baby et de El Borbah, qui n'a rien perdu de son imagination et de sa bizarrerie. Quant aux amateurs de Tintin que nous sommes, pour la plupart, depuis notre plus tendre enfance, nul doute que cette "relecture" très Lynchienne d'un univers à la fois si moderne (on en parle chaque année) et si classique pourtant dans sa forme, ne manquera pas de nous interpeller. Et ce, dès les pages de gardes bleues, chères aux anciens lecteurs, ou collectionneurs.


Les pages de garde de Vortex ©Cornelius/Charles Burns

C'est sans doute cela la grande force de cet ouvrage, plus que tout autre sur le même sujet : faire (re)vivre Tintin... sans Tintin. Mais en ne gardant au final que le principal, c'est à dire le rêve.


VortexCharles BurnsEd CornéliusNov 2016, 70 p.Cartonné, dos toilé jaune.

(*) (Anti) héros issu de la série Toxic paru chez le même éditeur. (3 tomes de 2010 à 2014)

Les romans fantastiques adaptés en bande dessinée

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Un rappel pour toutes celles et ceux qui ne seraient encore jamais tombés sur cette page créée en 2014 et consacrée aux romans fantastiques adaptée en bande dessinée. (Domaine "Rockaroanne.fr, ceci expliquant cela.)

Celle-ci, et sa mise à jour d'un essai original papier réalisé en médiathèque en 2001, élargie la démarche originelle d'adaptation de romans d'auteurs "classiques" fantastiques à des récits plus axés Epouvante et Horreur, et mérite, je pense, humblement, d'être visitée.
Attention : ne sont pas pris en compte les mangas (cela ferait trop), et le fantastique plus "commun"", où de superbes albums seraient pourtant à signaler. (cf mes chroniques sur Nebularstore néanmoins). Concernant la SF... et bien, il y a tellement de monstres qui font peur... que l'on serait tenté de les ajouter, mais... sont-ce vraiment des démons ?, même si le Xénomorphe d'Alien, par exemple, pourrait bien évidemment avoir sa place içi tant il est terrible.
Quant à la définition du terme "Epouvante"... elle n'offre qu'un repère qui pourra être discuté sur le blog dédié "Bernies'blog".

De manière générale, il s'agira ici des apparitions de démons dans l'univers humain, que les récits soient adaptés ou originaux.

Détail important : on tâchera de proposer le sommaire complet des albums collectifs, à chaque fois que cela sera possible. 
Merci de vos commentaires, suggestions...etc.
http://www.rockaroanne.fr/rockaroanne/Romansfantastiquesadaptes.html

Les Très étranges et très inopinées aventures d’Auguste Louis Chandel

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Les "Très étranges et très inopinées aventures d’Auguste Louis Chandel" 
Jean-luc Jullian et Serge Annequin
Editions Lieux-dits
2003-2008

Depuis 2003 et jusqu'en 2008, Jean-luc Jullian et Serge Annequin ont publié 5 bons  albums de BD de style franco belge, chez un petit éditeur local lyonnais : Lieux dits (1), spécialisé en beaux livres, photographie, orientation.  Si vous êtes passés à coté, et cela serait compréhensible,  les ayant moi-même découvert seulement grâce à deux bons amis lyonnais, je vous les recommande chaudement. 

Les ambiances tant scénaristiques que graphiques ne sont pas sans rappeler les stéphanois Zac et Deloupy de la série  L’introuvable (chez Jarjille*). On est ici en effet sur du franco-belge pur jus, avec clins d'oeil patrimoniaux très nombreux et très agréables, mais l'ambiance « enquête » et familiale est encore plus forte ici.  


Louis et sa jeune nièce Lison se lancent dans des aventures passionnantes, mettant en scène des quartiers historiques et culturels notables de l’agglomération lyonnaise, en s’inspirant de la riche histoire de la capitale des Gaules. 


On découvrira l’existence d’autres saint suaires (que celui exposé à Turin) dans le « Suaire de la peur », où bien évidemment, le fantastique s’empare, et de belle manière, de cette histoire prenant son origine dans une crypte mise à jour par la baisse des eaux dans la chapelle de l’île Barbe… Un jeu de piste  très agréable, façon chouette d’or, dans : Ma ciste en enfer, nous dévoilera d’autres quartiers et trésors de la capitale… etc. Les univers d’Hergé (la secte des Cigares du Pharaon, voire Jo Zette et Jocko pour l’aspect familial), ou de Nestor Burma seront omniprésents au cours des 5 albums, faisant de des aventures d’Auguste Louis Chandel un petit must de la BD franco belge, à découvrir absolument. 

Note spéciale pour les couleurs, en aplats, donnant un aspect agréable, simple mais efficace aux planches, que l’on pourrait croire d’ailleurs réservées aux enfants, mais… non.

Tous publics, et recommandé par la maison.





(*) Serge Jannequin, lyonnais,  a d'ailleurs été publié dans la collection Bn2 des éditions Jarjille en 2010, avec Wilk. Il est aussi l'auteur de la série "Des fragments de l'oubli" (2011-2013 chez Paquet, réédité en 2016 chez Emmanuel Proust, où il a publié depuis un autre album.)


(1) http://www.lieuxdits.fr/accueil/les-livres/bandes-dessinees/

Le building, de Will Eisner, version 2004

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 En Janvier 2004, alors que Will Eisner est invité d'honneur au festival d'Angoulême, un spectacle adaptant son roman graphique "Le Building" est donné au théâtre municipal.

Une soirée magnifique et mémorable, d'autant plus qu'à l'entrée, un exemplaire d'une édition limitée à 3000 exemplaires, spécialement éditée pour l'occasion, était remis aux spectateurs.

Souvenirs...










L'affiche, d'époque.


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Quatrième de couverture

La cureteuse de Bellantree

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Dans l’épisode 3 de la saison 2 de Penny Dreadful,(diffusé aux Etats-unis, Canada et UL le 17 Mai 2015), intitulé Les Visiteurs de la nuit (The Nightcomers), on a à faire à une sorte de spin of de la série qui aurait pu d'ailleurs s’intituler : la cureteuse de Bellantree*. Cet épisode possède une unité de lieu et d’intrigue, qui revient grâce à un flash back à un moment du passé de Vanessa Hives.



Celle ci raconte à Ethan comment elle a fait la connaissance des Visiteuses de la nuit, alors qu’elle était aller chercher de l’aide sur sa condition auprès d’une sorcière renommée dans les landes (à l’ouest ...de Londres).
Etonnant mais passionnant épisode que celui-ci, où l’on savoure l’immersion dans la vie d’une sorcière des plus typiques, mais pas si inhumaine que ce qu’on pourrait croire, et qui prend Vanessa sous son aile, jusqu’à aller au sacrifice ultime pour la sauver.



Ambiance sombre mais humaine dans la masure
Les visiteuses du soir tentent de récupérer Vanessa






















La cureteuse, ensorcellée, est sauvée par Vanessa in extremis













La vindicte populaire, attisée par la maîtresse des Visiteuses,
va lyncher la vieille femme


















La pauvre femme est aspergée de goudron














Et brulée vive

Parallèle étonnant entre auteurs et supports, à quelques jours près, puisque récemment, je mettais en avant la valeur du premier tome de Harrow county, paru le 31 Mai 2015 aux états unis, qui voit en introduction, et de manière identique, la fin tragique d’une sorcière brulée sous un arbre, par la meute bêtement méchante d’un petit village. Les sorcières ont la côte. (Mais mieux mortes que vives :-()





Vanessa récupère quelques effets de la vieille qui l'a fait son héritière





Et quitte ce lieu maudit























(*) Bellantrae ? Si la ville de Bellantrae, en Ecosse, pourrait être située à un endroit suffisamment éloigné de Londres pour correspondre à ce lieu, il paraît ceci dit un peu lointain (7 h de route aujourd'hui de Londres). Mais cette ville est cependant connue pour être dans le titre d'un roman de Robert Louis Stevenson ("Le maitre de Bellantrae".)
Il y a eu un tas de cas de sorcières au cours des siècles en Angleterre, Ecosse, irlande... mais rien sur Ballantrae, dans l'état actuel de mes courtes recherches. Pure fiction, donc sur cet aspect géographique ? A vos commentaires.

Un site pour en apprendre un peu plus sur ces légendes : 
http://uklegacies.blogspot.fr

©Toutes copies d'écran : John Logan/Showtime/Sky Atlantic

"Dead, she said" (RIP mr Wrightson)

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J’apprends ce matin la disparition de deux très grands artistes chers à mon coeur  : novateurs chacun dans leur domaine respectif : Chuck Berry (18 Mars), et Bernie Wrightson (19 Mars).

L’un a été à l’origine du Rock’n’roll. Tout le monde connait au moins une poignée de ses chansons.
Né à St Louis dans le Missouri, et descendant, comme beaucoup d’afro américains de sa génération de grands parents esclaves, Chuck  Berry a développé un style très personnel, mêlant chansonnettes dédiées aux teenagers, avec beaucoup d’humour, riff énergiques et dansant, et une attitude scénique showesque. ‘(Le fameux duck walk). 
Si les années soixante dix et quatre vingt l’un un peu laissées de côté, il a été une influence majeure sur l’essentiel du développement du rock mondial et personne ne l’a laissé tombé, et surtout pas Keith Richards, qui lui a dédié un super film hommage en 1987. Il n’y aurait ni rock, ni punk rock, ni garage… sans lui. Il n’a jamais cessé de jouer, et ses vingt dernières années, même s’il apparaissait régulièrement dans des manifestations, jusque dans des coins reculés de France, il n’offrait plus que l’ombre de lui-même. Ceci dit, il restera à jamais Mister Rock’nroll, et… « You never can tell » !

Bernie Wrightson quant à lui, a été révélé aux amateurs de bande dessinée français dans les revues pockets avec son Swamp thing à l’aube des années 70, scénarisé par Len Wein, puis dans la revue Spécial USA. Son hommage magnifique au monstre de Frankenstein, aux éditions Albin michel au début des années 80 l’a consacré et fait de lui un maître du dessin hachuré, noir et blanc, à la forme très gothique.
Il produisait peu, car son dessin était précieux et fourmillait de détails. C’est pourquoi j’ai suivi la moindre de ses parutions. Ces 10 dernières années, il avait lancé avec son complice Steve Niles trois récits de belle facture : City of others, non traduits en France à ce jour, The monstrous collection (non traduit non plus), et Frankenstein alive (Soleil), consacrant le retour du fameux monstre.

Il avait déjà réalisé trois numéros lorsque la maladie qui l’empêchait depuis des années (Parkinson me semble t’il), s’est aggravée, l’obligeant récemment, d’après les informations de sa femme sur son compte Facebook, à subir de lourdes interventions chirurgicales au cerveau.
On savait qu’il était très diminué et ne pourrait plus dessiner…  mais la nouvelle de son décès nous laisse, tous ses admirateurs, dont moi-même, effondrés.
Merci Mister Wrigthson, pour votre génie et votre passion partagée, et j’espère que là où vous êtes aujourd’hui, vous pourrez vous reposer sereinement, avec moins de monstres que dans vos récits.

Ps: je tiens à jour depuis 2003 un site consacré à la bibliographie française de l’auteur. Visible à :
http://www.berniewrightson.fr/

Judge Dredd : Démocratie !

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Judge Dredd est un personnage de science-fiction créé en 1977 par John Wagner et Carlos Enquerra dans la revue anglaise 2000AD. La série décrit la cité Mega city one, Babylone de béton futuriste sombre et repliée sur elle-même, dirigée par des juges détenant tous pouvoirs, faisant régner l’ordre dans les rues, à bord de  leurs motos futuristes, à grand coups de matraques et de blaster. Une sorte de 1984 de George Orwell, puissance 10. Aux alentours de la cité, des régions désertiques, contaminées par la radioactivé de la grande guerre passée. Là vivent des mutants.
Le juge Dredd, l’un des plus célèbres dans son équipe, est cynique et presque sans pitié, comme la plupart de ses collègues, 

40 ans après ses débuts (1), et alors que la série n’a jamais cessée d’attirer des auteurs, et que le titre perdure, avec plus ou moins de succès en Angleterre via ses revues, l’éditeur Delirium réédite de manière raisonnée les origines du Juge, ainsi que quelques uns des meilleurs épisodes de la licence*. Ce mois d’Avril, c’est au tour du volume intitulé « Démocratie » de paraître.



Dans cet album à la maquette encore très soignée, (mais à la couverture ne rendant à mon avis pas assez justice aux magnifiques planches couleurs de Colin Mac Neil) deux récits de 1990 et 2004, publiés originellement  dans les revues Judge Dredd megazine 1.01 à 1.07, et 2000Ad 1392 à 1399, puis un de 2014 (2000AD 1874-1878) nous sont proposés.  Leurs lien : le réseau « Guerre totale », qui a juré de se battre contre la politique répressive des juges, quoi qu’il en coûte.

« America » conte l’histoire d’une jeune fille portoricaine à qui les parents ont donné le nom de leur pays d’accueil. Et bien que l’Amérique en tant que telle n’existe plus, ce nom rappelle le rêve originel. America est une demoiselle indépendante, qui va choisir la voie de la radicalisation. Son copain d’enfance, Benny Bennett, n’a pas sa hargne, et va gouter aux joies de la société de consommation, et même devenir un artiste commercial reconnu. Leur route va se croiser à plusieurs reprises, mais la Loi sera encore une fois… impitoyable et très cynique pour tous les deux.

Dans « Terror », une jeune femme, professeure, va échapper in extremis à un attentat visant des juges, grâce aux sentiments d’un terroriste qui a du coeur. Mais là encore, la morale est dure. Une fois que l’on a choisi un camp, il est difficile d’échapper à son destin.

Quant à « Mega city confidential », il nous immerge dans une ambiance à la George Orwell, très contemporaine. Une jeune femme mariée a changé récemment de travail et a incorporé une cellule de surveillance ultra secrète, dont elle ne doit parler à personne, même à son mari. Cette cellule : la Section7, surveille en fait tous les citoyens. Le secret est cependant trop lourd, et Jovis Easterhouse va décider de rompre le secret. Mais on ne casse pas impunément son contrat avec les aspects les plus sombres de Mega city one.

Si on est d’abord scotché par la beauté des planches de Colin Mac Neil :  découpage aéré, dessin réaliste légèrement encré, envahi de couleurs magnifiques explosant à la face, on apprécie d’autant plus les scénarios  au cordeau de John Wagner, qui écrit pour un public adulte, on le sent bien. Fini les poursuites de petites frappes des années 80, où l’on avait envie de sourire… fini les monstres façon Godzilla dans les rues de Mega city one. On est dans du dur, du réaliste, du moderne, et la froid cynisme qui ressort des situations vécues par les protagonistes, nous donnent à voir ce que les citoyens d’aujourd’hui peuvent vraiment vivre dans les grandes mégalopoles de notre monde contemporain 
En dehors du cynisme, c’est donc bien un courant d’air froid qui nous parcours l’échine, car on se dit que « bon sang », ces situations ont été vues l’autre jour sur nos écrans !? »

P. 5 du récit "Mega city confidential"
©John Wagner/Colin Mc Neil/Delirium

En cela, le dernier récit « Mega city confidential » daté 2014, (clin d’oeil au classique « LA confidential » de James Ellroy et sa clique de flics ripoux), présente un réseau d’ultra surveillance », dénoncé par Jovis, et rappelle de manière à peine détournée les lanceurs d’alertes tels Edward Snowden, tandis que le partage et l’utilisation des informations récoltées fait directement écho aux récentes polémiques dénonçant entre autre aux USA la commercialisation des données personnelles sur internet.(2)
A noter que dans ce dernier récit, plus tardif, le dessin de Colin Mac Neil a changé, et ressemble beaucoup plus à celui d’un Kev Walker.

Nous ne sommes plus dans la science-fiction, car la réalité l’a rejoint. Ce qui fait de Judge Dredd un comics particulièrement intéressant à lire, pour bien saisir les enjeux qui nous entourent. Une bande dessinée pédagogique en somme.
Un excellent volume !


FG


Judge Dredd
Démocratie
Par : John Wagner, Colin Mac Neil
Delirium
14 Avril 2017
ISBN 979-10-90913-33-3
25 euros



(1) Les épisodes originels de 1977, et jusqu’au milieu des années 80, découverts en France dans diverses publications, oscillaient entre récits nerveux rentre-dedans à humour potache, et critique en demi teinte de sociétés dictatoriales. Un vent de révolte souffle en effet en Angleterre à cette époque, et les scénaristes Alan Davis, Alan Moore, John Wagner… vont faire partie d’une bande qui va politiser ouvertement et frontalement leurs récits, créant un ton très adulte qui s’exportera alors aux USA.
Les années quatre-vingt dix verront un petit succès de notre héros anglais, et un film sera même adapté en 1995 au cinéma avec Sylvester Stallone. L’échec commercial et critique cuisant de ce dernier mettra cependant une chape de plomb malheureuse sur une série qui méritait mieux. C’est donc avec bonheur que l’on a vu revenir en français la licence avec des épisodes choisis. 

(*) Après « Origines » (Mars 2016), rassemblant trois bons épisodes inédits du Dredd des années 2000, puis « Les liens du sang » (Août 2016, encore des inédits), le label français vraiment pas comme les autres a proposé « Les Affaires classée, tome 1 », somme regroupant pour la deuxième fois de manière chronologique les premiers épisodes de la série originale en noir et blanc et couleurs, Soleil l’ayant déjà fait dans une première salve de rééditions. (2 albums, quatre intégrales : 2010-2013.)

(2) Voir :



La Malédiction de Rowans

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La mode est un peu à la sorcellerie et aux esprits ces dernières années : comics « Harrow County », « Rachel Rising », diverses séries franco-belges, films ou séries « Penny Dreadful », en ce moment « L'Autopsie de Jane Doe »… et ce comics one shot surfe un peu sur la vague. Néanmoins, son rapport à la jeunesse rappellera davantage le célèbre « Scream » du réalisateur Wes Craven. Voyons ce qu'il en ressort…

Katy, jeune étudiante américaine, cherche un appartement à partager afin de passer ses vacances d'été. Elle trouve une opportunité inespérée grâce à Emily, une jeune anglaise qui vit dans une belle maison ancienne. L'échange opère et Katy débarque comme prévu à Rowans Rise, sur la commune de Stratford. Mais rapidement, alors que les deux filles échangent par messagerie électronique, Katy se rend compte de choses anormales dans la vieille maison. Elle sent la présence de spectres, et la chambre qu'elle ne devait pas visiter a été étrangement emménagée de gris gris.
Elle se met à enquêter sur la vie d'Emily, qui lui cache apparemment un grave secret…



Ce prologue sert de prétexte à l'auteur pour présenter la vie d'une petite commune du centre de l'Angleterre, ce qui n' est pas si courant dans les comics. (1) Mike Carey aborde aussi le sujet des traditions ancestrales et de la sorcellerie. Pourquoi les habitants du XIIe au XVE siècle cimentaient des os de coquelets sur leur linteaux, ou plaçaient des branches de chêne (arbre Dule de la connaissance) dans leur chambre ? On se croirait dans le très bon « Harrow County » de Tyler Crook et Cullen Bunn. (Glénat Comics, trois tomes 2016-2017)

Seulement, là où ces deux autres auteurs américains ont choisi de développer leur scénario en série, nous immergeant dans un univers original, complexe et riche, Mike Carey se contente de 88 pages d'une histoire un peu téléphonée. Mais ne soyons pas trop dur : même si l'idée d'une maison accueillant une jeune femme quelque peu isolée, se faisant agressée par une ambiance ou des éléments extérieurs, ne date pas d'hier (2) « Rowans Ruins » (son titre original) ne joue pas tout à fait sur le même fil conducteur. Le sentiment cependant, en se rapprochant du dénouement, est que l'auteur hésite tout du long entre récit d'horreur et chronique sociale. Il nous fait part de la communication mail entre les jeunes femmes, entre Katy et ses parents... On visite avec elle les archives de la bibliothèque de Stratford, on partage sa relation naissante avec le bobby du coin… Mais ce qui se passe à la maison n'est finalement pas si important que ça, semble t'il. Pourtant un drame est en train de se jouer. 
L'auteur mixe donc bien toutes les références précédemment citées, mais sans apporter suffisamment d'éléments narratifs neufs. On aurait apprécié un peu plus de personnalité, un peu plus d'horreur, et je ne vends pas la mèche pour la conclusion, que je vous laisserai juger.
Le suspens est pourtant maîtrisé, un certain charme opère, et les dessins de Mike Perkins, que l'on avait pu apprécier au préalable sur la série adaptée de Stephen King « Le Fléau » (12 tomes chez Delcourt, avec Roberto Aguirre-Sacasa) sont tout à fait pertinents, mais plutôt classiques dans ce genre de comics.

Une demi réussite malheureusement, d'un éditeur : Boom Studios (3), pourtant pas en manque de talents dans son catalogue.



(1) Je me plais à rappeler souvent l'antécédent superbe de « Spider-Man esprits de la terre », par Charles Vess, qui se déroule dans les landes du nord de l'Angleterre.

(2) « Halloween la nuit des masques » nous avait introduit à ce suspens, et « Scream », dans les années quatre vingt dix a recyclé le genre, l'adaptant aux adolescents d'une époque plus permissive.

(3) Boom Studios est une jeune maison d'édition américaine de comics spécialisée en horreur et science-fiction, créée en 2005 par Ross Richie et Andrew Cosby. Le célèbre auteur Mark Waid a aussi fait partie du conseil administratif, qu'il a abandonné depuis 2011 pour se consacrer uniquement à ses histoires. Boom Studios publie ou a aussi publié, entre autres, les licences « Adventure Time », « Warhammer », « 28 Days Later » « Hellraiser » et « Planet of the Apes »


« La Malédiction de Rowans » par Mike Perkins et Mike Carey
Éditions Delcourt (15,95 € ) - ISBN 978-2-7560-8296-7

Winsor Mc Cay, comme jamais vu, à Cherbourg !

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Dans le cadre de la huitième biennale du 9eme art, le musée Thomas Henry de Cherbourg-en-Cotentin organise, sous l'égide de Francois Schuiten et Benoit Peeters (respectivement commissaire et scénographe) et avec l'aide du collectionneur Barnard Mahé, une rétrospective d'un des grands maitres de la bande dessinée.
L'occasion d 'initier un cycle sur les auteurs américains et de relier Cherbourg à son histoire transatlantique.

« Présente-t-on encore Winsor McCay, (1869-1934), le créateur de Little Nemo, personnage parmi les plus emblématiques de la bande dessinée et des arts graphiques américains, dont il fut l’un des pères fondateurs ? Ce pionnier du dessin animé est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands auteurs et illustrateurs du siècle dernier. (1) 


Pourtant, les rares expositions monographiques qui ont pu lui être consacrées sont restées au sein de galeries ou de musées spécialisés dans la bande dessinée. La Ville de Cherbourg-en-Cotentin a choisi de lui rendre hommage à travers une grande rétrospective au sein de son musée des beaux- arts, le 3e de Normandie. Elle replace l’œuvre de Winsor McCay dans le contexte artistique, économique et social de son époque, et met en perspective son héritage, considérable dans le domaine des arts visuels. L’exposition ne sera pas qu’historique. À travers les regards et les voix de Schuiten et Peeters, qui accompagneront le visiteur tout au long du parcours, elle fera dialoguer les chefs-d’œuvre créés par Winsor McCay et la création d’aujourd’hui.» (Issu du communiqué de presse)


Les planches originales de Winsor Mc Cay se font rares, ayant été perdues, détruites par son propre fils qui souhaitait créer de nouvelles séquences, ou détériorées au fil du temps. Les restantes, conservées par des collectionneurs privés, n'ont jamais été montrées au public.


L'exposition proposera pour la première fois un ensemble exceptionnel réuni par le collectionneur et expert Bernard Mahé, toutes issues de collections privées. Ces originaux, soixante pièces, dont une trentaine de planches de Little Nemo, dialogueront avec celles de contemporains de l'artiste : de Richard F. Outcault à Cliff Sterrett, et de Sunday pages en couleur. Mais aussi avec des photographies, des affiches, des journaux et des films d'époque. Sera notamment projeté son film sur la catastrophe du Lusitania (2)
Une occasion en or de découvrir ou de de se ravir d'originaux d'une œuvre exceptionnelle, très poétique, et moderne avant l'heure, qui a véritablement transformé le neuvième art et la relation que l'on a avec la lecture.


Franck GUIGUE 




(1) Le lendemain de sa mort, l’Herald Tribune publie, en même temps que le dessin qu’il n’a pu achever, les témoignages admiratifs des principaux dessinateurs du pays. Au fil des ans pourtant, son œuvre sombre peu à peu dans l’oubli. Il faudra attendre les années soixante pour que, lentement, ses bandes dessinées et ses films d’animation commencent à retrouver leur place. Sa gloire, depuis, n’a cessé de grandir. Admiré par Moebius et Miyazaki, Art Spiegelman, Chris Ware et d’innombrables autres auteurs à travers le monde, Winsor McCay est considéré aujourd’hui, tous domaines confondus, comme l’un des artistes majeurs du début du vingtième siècle.



(2)Le05 Juin 1915, le paquebot britannique Lusitania parti de New York sombrait, après avoir été torpillé par un sous-marin allemand. En pleine Grande Guerre, ce naufrage indigna les États-Unis et suscita de nombreuses théories. Winsor Mc Cay ayant découvert les prémisses du film d'animation en 1911 à travers les flip books rapportés par son fils et les premières œuvres d’Emile Cohl et James Stuart Blackton, il s'enthousiaste d’emblée et créé ses propres films, dont un « Little Nemo » pour commencer. Il sera suivi en janvier 1912 de « How a Mosquito Operates ». Puis «Gertie », le gentil dinosaure. Avec « Le Naufrage du Lusitania », en 1918, il créée le dessin animé documentaire : en présentant sous tous les angles le navire qui s’enfonçait lentement dans les flots, le dessinateur donnait à voir ce qu’aucune caméra de prises de vues 
réelles n’était parvenue à montrer.
Nb : A l'occasion de l'exposition, un petit livret de 64 pages a été édité : 26 pages ou détails de pages de "Little Nemo in Slumberland" commentés par François Schuiten et Benoit Peeters.
Un livre géant luxueux reproduisant les planches originales est aussi publié à la même occasion par la galerie 9e art, à un tirage très limité. (180 exemplaires).


 Disponible à l'exposition "Winsor McCay", au Musée Thomas Henry de Cherbourg ou à la galerie 9e Art à Paris. contact@galerie9art.com


Exposition « Winsor McCay, de Little Nemo au Lusitania » du 23 juin au 1er octobre, musée Thomas Henry

Le Quasar, Esplanade de la laïcité
50100 Cherbourg-en-Cotentin
Tel : 02 33 23 39 30
musees@ville-cherbourg.fr






Le reste de mes lectures. Été 2017 #1: Corben Shadows of the Grave

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L'été et les vacances sont l'occasion de rattraper le retard accumulé tout au long de l'année. Et c'est pourquoi de nombreux comics et divers albums sont lus en rafale à ce moment là.
Je commence donc aujourd'hui une nouvelle rubrique, qui proposera, le plus régulièrement possible, mes avis de lectures comics, VF ou VO, qui ne trouveront par leur place sur BDzoom. Celle-ci complètera naturellement les précédentes déjà réalisées ici, plus sporadiques, liées à des albums divers, organisées via l'intitulé : "chroniques BD bouquins..."
C'est parti :

Corben : shadows of the grave
#5 june 2017 
Dark Horse comics

Corben continu de nous livrer ses fascicules d'horreur noir et blanc à l'ancienne, divisés en deux parties : trois mini recits indépendants et l'histoire à suivre : Denaus, se déroulant dans l'Antiquité grecque. 
Excellent numéro que celui-ci avec : deux récits co écrits avec Beth Reed, la propre femme de l'auteur : "The Island" et "The Mirror".

"The Island", c'est l'ambiance classique du récit où un type est perdu en voiture dans la nuit au milieu de nulle part . Il atterrit dans la bicoque d'une vieille qui l'enjoint de ne pas rester. Mais lui n'a pas le choix. Cette vieille était la gardienne du cimetière environnant et elle sait ce qui cloche aujourd'hui alentour... Très bonne histoire et une scène de fin donnant le thème de la couverture. 

"Mirror Image" nous présente Walter Hall qui vient visiter une tante éloignée, dans sa vieille maison un soir d'été. Mais celui-ci est accueillie par une belle jeune femme qui se présente comme son assistante. Elle ne convainc ceci-dit pas Walter qui, feignant une ballade dans la forêt adjacente en profite pour la suivre dans une partie isolée de la demeure. Une indiscrétion dangereuse pour eux deux...


"Blind choice" conclue les historiettes de ce numéro avec un des scénarios les plus tordus, vicieux et bien foutu que Corben n'ai jamais écrit. Lucinda Thone est aveugle et amoureuse de Mark, l'homme qui l'aide au quotidien. Celui-ci l'accompagne avec Zikmann, un autre blanc, dans la jungle, à la recherche d'une cure miracle attribuée à la tribu Nekrongo qui pourrait lui redonner la vue. Tous les trois sont cependant capturés par cette tribu pas vraiment pacifique, après que leurs porteurs se soient enfuis. Alors qu'ils s'apprêtent à être exécutés, le sorcier applique deux araignées sur les yeux de Lucinda. Et un miracle atroce se produit. Cependant Lucinda, retrouvant la vue, est sommée de désigner un de ses deux collègues d'infortune pour rester se faire torturer alors qu'eux deux pourront fuire. Quel choix va t'elle faire ?
Si les deux épisodes écrits par la scenariste Beth Reef, avec talent, offrent un très bon niveau à ce numéro ci,  Corben démontre avec "Blind choice" qu'il a aussi encore de la réserve pour trouver de la matière. Non seulement le synopsis est bien trouvé et la chute exquise, mais l'ambiance des premières pages, "vue" par les yeux de Lucinda, donc ombrée, permet de garder anonyme les personnages qui l'entourent. Cet élément contribuant de fait à la réussite de la chute de l'histoire. Bien "vu".


Concernant "Denaus", on sent qu'on se rapproche de la fin de l'intrigue, le nombre de morts devenant proportionnel à l'avancée du récit. La famille du héros est massacrée, et une vengeance est en marche.  Encore un numéro et on devrait connaître le grand final de cette nouvelle aventure du grand Richard Corben, qui a réussi un tour de force en proposant deux genres de récits différents en un seul comics, avec de l'inédit exclusivement et dans la grande tradition des Ec comics et Warren en même temps.

FG

Sélection Free comic book day 2017 : Fantagraphics & 2000AD

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Le Free Comic Book Day, c'est, pour moi, en plus de l'opportunité de chopper des fascicules pas cher à l'occasion de cette fête du médium américain, une manière agréable et un peu aventureuse ( "surprise" ) de découvrir des séries et des auteurs.
Retour sur deux titres : celui des éditions Fantagraphics américaines et celui de 2000AD, légendaire éditeur anglais de Judge Dredd et Slaine (entre autres).

"World's Greatest cartoonists" est le moto de Fantagraphics, qui s'ennorgeullie de faire découvrir les meilleurs artistes de comic book indépendants du monde.
Dans ce fascicule de 56 pages en papier léger, l'éditeur nous présente les travaux plus ou moins longs de 16 auteurs de son écurie. Bandes annonces d'albums à paraitre, ou petits inédits (strips ou dessins).
Si j'avais remarqué la couverture du "Band for life" déjà paru d'Anya Davidson, je n'ai pas été emballé plus que ça par la petite histoire inédite de la série livrée ici. L'humour de cette bande de rockers tournant un clip vidéo dans une zone interdite et se faisant embarquer au poste de police fonctionne quelque peu, mais cela reste assez basique et le dessin est assez restrictif. J'ai été beaucoup plus touché et impressionné par les dessins au crayons de couleur de Emil Ferris, avec son souvenir d'enfance bien glauque autour du Wolfman et de la relation sexuelle de son frère. Un TPB "My favorite thing is monsters" est déjà disponible. L'autre à paraitre en Octobre. A suivre avec intérêt. Dash Shaw et son "Cosplayers go to the movies" en deux planches, scénette décrivant notre rapport aux blockbusters est sympa. A vérifier dans le TPB à paraître en Octobre.
"Bingo Night" de Graham Chaffee, qui s'attarde sur 5 planches en noir et blanc sur la vie d'une femme dans les années 50, me paraît intéressant tout en  rappelant le style graphique de Dean Haspiel. A vérifier dans l'album "To Have and to Hold" déjà paru. Interloqué par "Pepe's Funeral" de Matt Furie, strip en couleur animalier bien fun, voire trash. A suivre...
Déçu par les 9 pages noir et blanc de Richard Sala, déjà traduit au moins une fois en France, qui propose une série de dessins un peu gothiques mettant en scène un homme oiseau intriguant, dans des ambiances à la Murnau, légendées de textes pas très compréhensibles et surtout répétitifs.
"Interlude" sont deux pages abandonnées du dernier  bouquin  de Eric Haven : " Vague Tales" traitant d'un barbare : Pulsar, découvrant le pouvoir d'une épée enflammée dans un monde post apocalyptique. Le dessin et le délire m'ont fait penser à Fletsher Hanks, et il faut voir le projet abouti. Ici, c'est un peu juste et bouche trou.
"Wuvable Oaf Battle Zone" nous emmène sur le ring puisque Ed Luce adore le catch. Il nous présente en 4 pages couleur les combats et pensées de la sexy mais colossale Disastra. Un univers fun à découvrir sur deux TPB déjà parus.
"Dante Continues to Look for a Good Bar" suit les fréquentations de bar de Dante Bukowski, un jeune homme de bonne famille se posant comme un auteur romantique alcoolique. Deux pages abandonnées du tome deux déjà paru, par Noah Van Sciver, qui font la couverture de ce Fcbd comics.
Tommi Musturi propose quant à lui 4 pages couleur inédites de son petit monstre mignon "Samuel" que l'on retrouve dans le hardcover "Simply Samuel". Un petit air de Jim Woodring.
Last but not least : 3 pages couleur tirées  de "Mudfish", dernier projet de Ed Piskor ("Hip Hop Family Tree"), à paraitre en Novembre, où l'auteur nous dévoile le côté autobiographique de sa découverte du milieu des comics, mainstream et indépendant de sa jeunesse. Pas mal du tout . 
"Fear" nous permet en une page de (re) trouver le talent de Simon Hanselmann, traduit en France pour sa série bizarre "Meg, Mogg and Owl". Et enfin, un dessin pleine page au fusain couleur dévoile l'univers onirique et doux de l'album cartonné "Eartha" de Cathy Malkasian.
PS : je n'ai pas parlé des dessins noir et blanc étranges de Ron Regé Jr, illustrant les révélations de Mahommet, car ceux-ci me semblent peu adaptés à un comics de ce type. Les amateurs d'histoire, de religion ou de dessin au trait un peu psychés jugeront cependant.

2000AD Fcbd nous livre quant à lui 32 pages couleur et noir et blanc d'action, comme il sait le faire depuis 40 ans. "Welcome to the galaxy's greatest comics" sous-titre t'il, rien que ça ;-)
"Judge Dredd Forty Years of Hurt" est un hommage direct aux quarante ans du juge puisqu'il propose 6 bonnes pages par Matt Smith (sc) et Phil Winslade (dess) où l'on découvre le fils d'un des premiers punks que le juge a du combattre dans son tout premier numéro : Whitey.
Ashley Wood nous fait l'honneur d'un superbe dessin couleur pleine page.
Patt Mills dévoile la fin du robot tueur Général Public en 5 pages noir et blanc dessinées par Kei Zama.
Guy Adams et Jimmy Brixton nous embarquent en 6 pages dans un polar bien sombre et fantastique : "Hope for the Future", dont le dessin noir et blanc et le scenario font envie. A suivre...
"Anderson Psi Division" par Dan Abnet et Dani nous offrent 6 pages couleur plutôt sympa nous plongeant dans cette série axée sur la co équipière du Dredd, aux mains ici de deux Hags. Enfin: "Dreams of Dreamworld" début de récit de Kek-W dans l'univers du judge Dead  époustoufle grâce à la peinture de Dave Kendall, rappelant le meilleur "Slaine" de Simon Bisley.
Nb : La plupart de ces récits ont des bonus PDF consultables en ligne via le flashage de QR codes.

FG

Prochains épisodes : 
- James Stoke's Aliens Dead Orbit #3
- Black Hammer #9,10
- Archies Doubled Sized Issue one shot. 
- After Death #3 by Jeff Lemire





« Winter Road » par Jeff Lemire : l'alternative excellence.

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Jeff Lemire est un auteur canadien qui, en l'espace de sept ans s'est imposé dans le paysage du comics alternatif avec un style d'écriture passionnant qui a su séduire de nombreux éditeurs et dessinateurs américains. La plupart de ses albums (principalement publiés chez DC, Darkhorse et Image) ont été traduits en France.
Son propre dessin au trait fin et aux colorisation réalisées en légère touche d'aquarelle se démarque aussi considérablement du reste de la production et c'est toujours un plaisir de le trouver combiné. D'autant plus que les nombreuses et régulières collaborations de l'auteur avec d'autres artistes devraient ne laisser finalement que peu d'occasions pour cela. 
"Winter road" fait heureusement partie de ces exceptions, aux 
côtés d'« Essex County » , « Mr Nobody », « Jack Joseph soudeur sous-marin » , « Trillium », « Sweet Tooth », et son actuel « Royal City », actuellement en publication aux États-unis.
Je ne vais pas vous mentir : je l'adore, et ce bouquin est l'un des rares que je n'avais pas encore lu de lui, d'où cette chronique tardive.

Derek est un ancien joueur de hockey canadien un peu bourru, qui a un jour répondu un peu trop violemment a l'agression d'un joueur adverse sur le terrain. Sa carrière ruinée, il a sombré dans l'alcool et traîne ses guêtres dans la petite ville paumée (imaginaire) de Pimitamon.
Son passé le rattrape souvent lorsqu'il est un.peu provoqué, et fait souvent le coup de poing. 
Il vit dans la loge du gymnase local et bosse comme cuisinier au snack du coin. Son avenir est bien compromis lorsque débarque sa soeur, aussi paumée que lui, pas vue depuis treize ans. Ensemble, ils vont affronter leur passé.


Paysages gris bleutés et blancs du Canada enneigé, ambiances lourdes des pas crissant sur l'épaisseur des cristaux, plans cinématographiques de film indépendant, ...tout est maitrisé superbement, et en même temps délicieusement léger et alternatif. C'est ce qui fait le charme de ce gros pavé de 280 pages aux tons pastels. La violence est sourde, mais tout comme la poésie : liée à la nature du nord bien présente. On s'attache à ce gaillard, sa soeur et la communauté qui les entourent avec beaucoup de plaisir. 
Le sentiment de tenir un bon bouquin, qui ferait aussi pourquoi pas un petit film bien agréable (1) est là, et c'est tout le talent de cet auteur sympathique : proposer une patte reconnaissable entre mille où chaque nouvelle oeuvre ne décevra pas. Combien en sont vraiment capables ?  


(1) A noter que c'est le roman graphique de 2012 « Underwater Welder », publié en France sous le titre "Jack Joseph soudeur sous-marin » qui devrait être adapté au cinema. Le film serait produit par Ryan Gosling, Ken Kao et Anonymous Content. (Info blog de l'auteur). 


« Winter Road » par Jeff Lemire
Editions Futuropolis, Septembre 2016
(Le comics a été publié aux USA sous forme de roman graphique en Avril 2017 sous le titre « Roughneck » par Simon & Schuster au Canada et Gallery 13 Book aux États-unis)


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